La Grande Avancée de la Guinée
Selon Patricia Moller et Mima S. Nedelcovych
L’Afrique a longtemps souffert du sous-développement, de la pauvreté et de la maladie. Alors que les Etats Unis d’Amérique, l’Europe et certaines parties de l’Asie ont bénéficiés des avantages de l’industrialisation, des économies numériques et des soins de santé, la majeure partie du vaste continent africain a été laissée pour compte.
L’un des facteurs les plus évidents établissant cette ligne de démarcation tragiquement nette a été le manque d’énergie dont l’Afrique a désespérément besoin depuis des décennies. Bien que les besoins énergétiques de l’Afrique ne soient pas un secret, l’élaboration d’un plan réalisable pour apporter le bon type de carburant sur le continent a été un objectif insaisissable pour les fournisseurs d’énergie, les financiers et les Gouvernements.
La République de Guinée est dotée de grandes quantités des minéraux les plus précieux au monde et des ressources naturelles les plus recherchées. L’ancien président Condé a souvent déclaré que les ressources minérales non exploitées de la République de Guinée sont un scandale, reflétant sa consternation face au manque d’utilisation des vastes réserves trouvées dans son pays. Malheureusement, pendant trop longtemps, les présentes ressources naturelles ont été récoltées et exportées comme des matières premières sous-évaluées, empêchant tragiquement le peuple guinéen de profiter pleinement des bienfaits des dons les plus généreux de Dieu à la République de Guinée.
Le Projet GNL Guinée est constitué, il y a trois ans, de la nécessité absolue de se libérer du présent cercle vicieux pour la mission d’identifier et de développer une source d’énergie propre, fiable et écologiquement durable pour alimenter l’économie Guinéenne et aider à débloquer l’énorme potentiel du peuple guinéen. Reconnaissant la nécessité de générer une plus grande valorisation de ses ressources naturelles, le Gouvernement Guinéen a décidé d’exiger des sociétés minières de bauxite qu’elles traitent une partie de leur production de bauxite dans le pays comme condition d’octroi de concessions minières.
Cela a mis en évidence le problème énergétique de la Guinée. La République de Guinée est le dernier pays au monde à autoriser l’exportation de la bauxite non transformée sans aucune valeur ajoutée. Le dilemme auquel est confronté le gouvernement est de savoir comment légiférer et insister sur la valeur ajoutée locale sans fournir une source d’énergie alternative aux sociétés minières qui proposent une énergie au charbon hautement polluante.
Les raffineries d’alumine sont des installations de traitement énergivores qui convertissent la bauxite en alumine, un composé six fois plus précieux que la matière première. Les présentes installations nécessitent une énorme quantité d’électricité dont la République de Guinée ne dispose pas actuellement. Les centrales hydroélectriques récemment construites n’ont pas une capacité suffisante pour répondre à cette demande. De plus, la nature saisonnière de la production d’énergie hydraulique rend cette option inappropriée car les raffineries d’alumine ont besoin d’une alimentation électrique ininterrompue toute l’année pour le cycle de traitement continu nécessaire à la production d’alumine.
Le projet GNL Guinée comprend deux composantes principales : un terminal de réception au port de Kamsar, situé au coeur de la région de la bauxite en République de Guinée, et un réseau de distribution complet pour transporter le gaz naturel jusqu’aux utilisateurs finaux. Tous les clients cibles sont situés à une distance raisonnable du terminal et sont facilement desservis par divers modes de distribution, y compris les pipelines, les barges, les trains ou les lignes de transport d’électricité.
En janvier 2020, la société West Africa LNG a lancé une étude de faisabilité approfondie financée par l’Agence américaine pour le Commerce et le Développement (USTDA) afin de trouver le site optimal pour un terminal de réception de GNL et de déterminer les meilleures techniques de conception et de distribution pour le projet GNL Guinée. L’étude de faisabilité a été achevée en décembre 2020 avec des résultats positifs sur l’ensemble du spectre d’évaluation confirmant que le projet est techniquement et financièrement réalisable et durable sur le plan environnemental. Les premiers chiffres suggèrent, en plus d’être écologiquement supérieurs à ses alternatives, que l’électricité produite par le gaz naturel sera 20 à 25 % moins chère que le diesel et le HFO et extrêmement compétitive avec le charbon, avant même de prendre en compte les conséquences environnementales désastreuses.
La bauxite brute est transportée par wagons jusqu’au port de Kamsar pour être exportée.
Avec plus d’une demi-douzaine d’entreprises mondiales de bauxite très réputées et bien financées à divers stades de planification de la construction de raffineries d’alumine au cours des 3 à 7 prochaines années, la demande totale d’électricité à proximité du terminal GNL de Kamsar devrait dépasser 2 000 MW au cours de la prochaine décennie. Si l’on inclut d’autres secteurs de l’économie guinéenne dont la demande en électricité est importante – l’agriculture, le transport, la construction et la vente au détail – le rôle potentiel que le gaz naturel peut jouer dans l’alimentation du moteur industriel du pays est presque illimité.
Abondamment disponible, respectueux de l’environnement et à un prix abordable, le GNL est le carburant optimal pour les secteurs à forte intensité énergétique tels que l’extraction de la bauxite et la production d’alumine. En utilisant le gaz naturel pour leurs besoins opérationnels et de production d’électricité, l’industrie minière de la bauxite en République de Guinée bénéficierait d’une compétitivité mondiale considérablement améliorée. De plus, à mesure que le projet s’étend au-delà de la bauxite et de l’alumine, l’utilisation plus large du gaz naturel rendra l’économie guinéenne plus propre et plus compétitive dans un certain nombre de secteurs, notamment les transports, les marchés industriels et agricoles. L’utilisation résidentielle éliminera davantage le besoin de bois de chauffage et contribuera à réduire la déforestation.
Le projet GNL Guinée est bien placé pour réussir car il propose une approche globale en trois volets pour résoudre le problème énergétique qui sévit dans la région depuis des décennies.
Premièrement, la conception modulaire innovante permet au projet d’être financièrement réalisable à différents niveaux de demande. Bien que la demande contractuelle initiale devrait dépasser 300 MW, le terminal peut fonctionner de manière rentable à des débits moindres. Deuxièmement, la direction de la société West Africa LNG a des décennies d’expérience dans le pays, créant un réseau de relations et de partenariats locaux soutenus par des conversations spécifiques au projet avec toutes les parties prenantes concernées.
Enfin, le moment est venu. Le monde prend conscience du véritable potentiel du continent africain, accordant plus d’attention que jamais à cette partie du globe. Les Institutions Financières Internationales (IFI) les banques internationales et les fonds d’investissement mondiaux prennent note des opportunités attrayantes que l’Afrique a à offrir, lorsqu’elles sont soigneusement sélectionnées et exécutées correctement.
Le Projet GNL Guinée est le bon projet au bon moment pour le bon pays. Il fournit une solution technique structurée de manière créative nécessaire pour résoudre un problème fondamentalement transformationnel conçu et exécuté par une équipe expérimentée et compétente. Devant être opérationnel à la mi-2023, le terminal GNL de Kamsar desservira tous les segments de l’économie guinéenne, de l’exploitation minière à l’agriculture, du gaz de cuisine au carburant pour véhicules, et deviendra une partie intégrante de la matrice énergétique guinéenne avant la fin de la présente décennie.
La République de Guinée a une opportunité historique de devenir un phare pour l’ensemble du continent africain en tant que pays tourné vers l’avenir qui a développé une infrastructure énergétique suffisante pour alimenter sa croissance de manière écologiquement durable, en veillant à ce que ses enfants continuent à grandir en buvant de l’eau propre et respirer l’air pur dont ils jouissent actuellement. Le projet GNL Guinée est la grande avancée de la République de Guinée dans la recherche d’une solution intelligente pour résoudre son problème énergétique et créer une économie alimentée au gaz naturel pour soutenir son développement industriel, financier et social pour les décennies à venir.
L’Ambassadrice (à la retraite) Patricia Moller, ancienne Ambassadrice des États-Unis d’Amérique en République de Guinée, est Présidente de la société West Africa LNG. Dr Mima S. Nedelcovych, ancien Administrateur Américain pour le de la Banque Africaine de Développement (BAD) est Président de la société AfricaGlobal Schaffer et Vice-Président de la société West Africa LNG Group.